mardi 7 juillet 2015

Parvis



Revenir dans l’Église a pris du temps pour moi. Après avoir été au cœur des associations catholiques quand j’étais étudiant (aumônerie, conseils d’administration divers et variés, synode diocésain …), je m’étais éloigné …
Éloigné parce qu’il me semblait que ma vie ne correspondait pas à ce qu’attendait de moi l’Église, éloigné aussi par peur des difficultés que j’aurai pu rencontrer en devant expliquer ma situation de couple, j’avais changé de ville, il fallait donc repartir de zéro. Éloigné parce que ma vie spirituelle avait été balayée sous le flot de ma nouvelle vie.
Et puis, une fois cette vie-là bien en place, le désir de renouer avec la spiritualité est apparu. Alors, brin par brin, j’ai cheminé. Les personnes qui avaient été présentes dans ma vie étudiante étaient toujours à mes côtés et ont joué un grand rôle dans ce chemin. Pendant longtemps encore, j’ai été comme sur le parvis, à la fois dedans et dehors, sans oser vraiment rentrer, souffrant de ne pas savoir où était ma place. J’ai trouvé des lieux, des démarches qui m’ont convenu, qui m’ont permis de renouer, peu à peu avec la vie de l’Église, avec les temps forts qu’on peut y vivre.
 
Depuis presque deux ans, je suis entré dans la vie de ma paroisse. Timidement, d’abord, puis de plus en plus présent.
Je n’ai pas hésité à parler de ma situation, sans mentir, sans tricher, sans chercher à m’excuser ni à pavoiser. Simplement témoigner de ce que j’essaye de vivre sous le regard du Seigneur.
J’ai toujours été bien accueilli et j’ai pu partager la joie de notre cheminement vers le mariage.
Aujourd’hui, ma question n’est plus de savoir quelle est ma place, de savoir si j’ai le « droit » d’être là. La question ne se pose pas en termes de droit. Cette question, au final est celle de la Grâce de l’amour de Dieu. Et cette grâce ne dépend pas du droit. Elle ne dépend que de Dieu qui l’offre à tous.
Aujourd’hui, alors que de plus en plus je retourne au cœur de mon Église, de plus en plus, je m’attache à rester vigilant à ceux qui sont sur le parvis ou même, bien plus loin.
Si mon histoire avait été autre, aurais-je su choisir de ne pas m’installer dans le chœur mais sur le parvis ? Peut-être, bien d’autres que moi le font. Mais, je me suis rendu compte à quel point être là, sur le parvis peut avoir du sens pour moi.
Est-ce une démarche spécifique aux homosexuels ? Devons-nous rester sur les parvis ?
Je ne crois pas à une façon de vivre l’appel de l’Évangile qui soit propre aux homosexuels. Que chacun aille là où il se sent appelé : vie conjugale, célibataire ou consacrée, sur les parvis ou dans le chœur.
Cet accueil dans ma paroisse, la place que j’y prends au fur et à mesure, me permet d’être libre de choisir de rester présent aux « périphéries » de l’Église. Même si, pour l’instant, cette présence est surtout un projet, c’est bien sur ces chemins-là que j’ai envie de m’engager.

lundi 15 juin 2015

À Taizé




Oh, pas grand-chose n’a changé là-bas, à Taizé. Il y a toujours autant de jeunes, toujours des louches de nourriture servie dans des assiettes en plastique, toujours les chambrées de 4 ou 6 et bien sûr, toujours les chants et le silence.
Alors bien sûr, nous, on a grandi. Enfin, à nos âges, on dira même qu’on a vieilli. Et il faudra bien se rendre compte que les jeunes que l’on accompagne – un peu par hasard – n’étaient pas nés la dernière fois qu’on est venu ici.
Mais à Taizé, il y aussi une Présence palpable. Non qu’elle ne soit pas ailleurs ! Mais quand même, on Le retrouve si facilement, ici !
Et bien même quand on est juste assis sur une chaise posée dans l’herbe, quand on est juste à attendre la prière du matin parce qu’on s’est levé trop tôt. Même là, alors qu’on n’est pas vraiment en prière, même là, Il sait nous trouver.
Il n’était pas là dans une tempête, encore moins un tremblement de terre. Ni même un murmure, à peine un souffle. Il m’a juste donné de revoir, tout simplement, ce qu’Il m’avait déjà donné.
Dieu nous appelle et pour ceux d’entre vous qui ont su se taire assez pour entendre cet appel, ce que je vais dire fera certainement écho.
Il m’appelle moi ? Comment dire que c’est toujours un choc, une surprise ? Et pourtant, Il ne cesse de m’appeler, en vérité, tel que je suis, sans concessions et Son appel vient se poser précisément là où Son amour pour moi est le plus grand. Il vient me rappeler que, comme tout chrétien, j’ai à témoigner de Son amour pour tous. Et comment dire que mon histoire redit à quel point cet amour est pour tous ?
Et alors que je n’ai même pas le temps de formuler un « comment ? », me sont redonnés tous ces textes qui m’ont marqué à un moment ou un autre de ma vie de foi :
Le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. (Mt 8 ; 19-22)
Ne prenez ni bourse ni sac, ni chaussures ; ne vous arrêtez pas en chemin. (Lc 10 ; 4)
Et tant d’autres textes où le Christ n’arrête pas d’aller et venir, par monts et par vaux, essayant de se mettre à l’écart de la foule, fuyant sur le lac et puis accueillant tous ces frères à bras ouverts.
Tous ces textes qui m’ont été donnés à un moment à un autre me disent :
« Va sur les chemins, ne t’arrête pas, avance ! »
Bien sûr, ce pseudonyme de Marcheur n’est pas là pour rien : il dit déjà cet appel que j’ai reçu.
Marcher, c’est quelque chose qui a toujours fait partie de ma vie, depuis ces chemins d’écolier, tous les matins, admirant la nature et le paysage, jamais exactement le même.
Marcher, c’est aussi pour moi une façon de prier. Laisser le corps prendre son rythme, laisser le regard rendre grâce pour la Création, prendre le temps de laisser Dieu nous parler dans cette harmonie, quelle méthode de prière que la marche !
Par chez moi un centre spirituel propose chaque mois de marcher pour prier. J’en suis un fidèle (même si j’ai été moins présent ces derniers temps) et j’ai su aussi, simplement, être déjà là témoin de ce que l’amour de Dieu a fait dans ma vie.
Marcher dans la prière, c’est aussi le désir de partir pour St Jacques qui devient de plus en plus présent et que je commence tout doucement à vouloir organiser.
Marcher, c’est aussi bien sûr cheminer, ne pas s’établir, continuer à douter et à chercher Dieu.
Et pour moi qui portais depuis quelque temps cette question « où est ma place dans cette Église ? », le Seigneur me répond : « Va sur les chemins, ne t’arrête pas, avance ! ».
Et alors que, pour de vrai, je commence à trouver une place dans ma paroisse, le Seigneur me répond : « Va sur les chemins, ne t’arrête pas, avance ! ».
Non pas qu’il me faille à tout prix tout quitter, mais que je sache ne pas chercher un cocon pour me mettre au chaud, que je sache rester sur les parvis, aux périphéries, là où j’ai quelque chose à dire à ceux qui sont dehors, et à ceux qui sont dedans.
Alors, dans ces trois jours de Pentecôte à Taizé, il y eu plein d’autres belles choses.
Il fut question d’être le sel de la Terre, de faire comprendre à des ados en quoi, eux aussi étaient sel pour le monde. Ils ont eu du mal, vraiment, à y croire, alors même que l’intervenant avait rappelé à quel point les auditeurs du Christ étaient tous de simples humains comme nous. Et quand je finis par leur dire qu’ils avaient été pour moi, un peu le sel de ce week-end (mimant le geste de saler un plat), je vis un regard s’éclairer : « tu veux dire que ça donne du goût ? »
Il y a eu encore plein de raisons de voir cet Esprit de Pentecôte nous permettre de nous comprendre malgré la barrière de la langue.
Il y a eu aussi l’occasion de faire le bilan sur ce que j’ai pu vivre depuis cette dernière fois à Taizé et toutes ces questions que je portais encore.
Ces trois jours m’ont remis en chemin. Comme toujours, c’est difficile de garder cet élan une fois revenu dans nos pénates et que l’on retrouve le chat qui ronronne au coin du feu. Il n’empêche que ce temps me rappelle qu’il y a une porte à passer, et une route qui continue, sans fin.

mardi 26 mai 2015

26 mai, soir

Mc 10, 29-30
"Je vous le déclare, c'est la vérité, si quelqu'un quitte, pour moi et la Bonne Nouvelle, sa maison, ou ses frères, ses sœurs, sa mère, son père, ses enfants, ses champs, il recevra cent fois plus dans le temps où nous vivons ..."
Définitivement, Seigneur, c'est sur les chemins que tu m'appelles.

26 mai, matin

Le problème de Taizé c'est qu'on fredonne encore longtemps après. Y compris en classe d'école publique...

14 mai

https://www.facebook.com/emmanuel.marcheur En apéro post-messe de l'Ascension (sisi, viendez dans ma paroisse)
J'ai pas compté, pour de vrai, mais une bonne demi-douzaine de personnes m'ont demandé des nouvelles de la préparation du mariage ...
Bonjour à tous,
Certains d'entre vous me suivent ici et sur Facebook. Je me sers de ce réseau pour partager avec vous de petits moments qui ne méritent pas un article, je trouve que ça vous permet un peu de me suivre malgré mes post trop peu fréquents. J'ai appris récemment que certains avaient décidé de se retirer définitivement de Facebook. Pour garder un lien avec ces personnes, j'ai décidé de publier ici les posts que je partage sur le réseau social.
Pour bien reconnaitre ces posts, j'y accolerai le logo facebook, avec un lien vers le post.

À très bientôt

mardi 12 mai 2015

Préparation au mariage



Pour de vrai, je les connais bien, très bien même. Ça fait plus de quinze ans que je pratique ce groupe de gens et leur humanité si profonde. Pas pour rien que j’ai choisi l’une d’entre eux comme témoin.
Je n’ai pas été très surpris qu’ils nous proposent un week-end de préparation au mariage. Je m’attendais bien à ce qu’il soit très riche.
Y’a pas à dire. Au bout de quinze ans, ils me surprennent toujours, avec cette capacité d’écoute, d’attention et surtout, cette capacité d’accompagnement – c'est-à-dire suivre la route de l’autre au plus près, quelques soient leurs routes personnelles.
Ils nous ont donc pris sous le bras pour nous emmener dans un des centres spirituels de la région – celui où ils avaient préparé leur propre mariage. On s’est retrouvés là avec des souvenirs de WE spi passés à l’époque, mais aussi avec nos vies d’aujourd’hui…
Se replonger dans ce qui nous anime l’un et l’autre, ce qui fait que nous avons aimé – et aimons – l’autre a été très chouette.
Il a fallu des techniques de sage-femme pour nous faire voir ce que – déjà – notre couple a comme fruits. Faut dire que – l’un comme l’autre – on n’est pas du genre se complaire dans l’admiration de ce qu’on peut faire. Mais là, c’était bien d’apprendre à regarder ce qui se vit déjà avec un regard vrai dont il était question.
Et puis, comme on était un peu en mode « anciens du … », il y a eu le plaisir de retrouver une de nos anciennes accompagnatrices, sa rigueur dans la préparation et la façon dont elle nous a suivi tous, de plus ou moins loin.
Le plaisir aussi de retrouver un prêtre de la maison, sa façon de prier en dansant (et faisant danser), ses palabres qui s’illustrent de dessins crayonnés. Sa grande connaissance de la vie de couple, et sa façon d’en parler, inimitable, avec des Arlésiennes et des esquimaux ou, à l’époque, des chars à voile et des voitures à pédale.
On a fait face à toutes les questions, notamment celles qui vont se poser en vérité dans un avenir très proche. Celle qui jaillit, naturellement, de notre vie de couple et d’un désir de vie. Sans détour et sans se mentir, sans juger à priori, en sachant toujours voir le beau dans ce désir et les difficultés pour le vivre.
Bien sûr qu’il n’y a pas de réponse donnée aujourd’hui. Mais un rappel de cheminement dans le choix qui fait toute la force des Ignaciens*.
Il y a eu, aussi, tout autour de ce week-end, des gens qui ont été en union de prière, ou tout simplement de pensée. Ces unions de prière, pour moi, l’un des signes visible de la communion des Saints. Encore merci pour eux.


* famille spirituelle se reconnaissant dans les enseignements de Saint Ignace de Loyola (fondateur des Jésuites) dont les Exercices spirituels ont – entre autres – pour but d’aider à faire des choix.